2017-2018: TRIGONE, cabinet pour une écologie solidaire.

J’exerce le métier de consultant depuis 24 ans dans un cabinet à taille humaine, proche de ses clients-partenaires. Par un patient travail des processus du projet, nous cheminons ensemble pour faire réseau social, faire vague et fertiliser les institutions par la créativité.

Le bilan de l’année 2017 offre des enseignements intéressants sur notre positionnement singulier par rapport au projet global de l’institution et son articulation au groupe et au réseau. Cette articulation complexe se nourrit des processus créatifs qui facilitent la vision globale par le maillage des représentations individuelles vers une visée commune du projet.

2017 fut un retour aux sources. J’ai obtenu mon DESS de Consultant dans la Fonction Publique à l’Université de Provence en 1993. 24 années plus tard, Vincent Bonniol, le responsable du master “Consultant et coach”, me confie quatre journées d’enseignement. Les étudiants sont étonnés par l’approche pédagogique centrée sur le travail des processus du changement: quelles transformations opérer pour devenir consultant, pour quelles visées et quelles pratiques d’animation des processus de changement? Sylvain Saint-Pierre, formateur académique à Versailles et enseignant dans le secondaire et le supérieur, m’a accompagné dans ce travail exigeant. Lors de la dernière séquence, nous leur avons soumis un projet TRIGONE pour évaluation-régulation. Ainsi a émergé, L’Autre réseau social.

Las de constater la perte de sens qu’entoure le terme “d’accompagnement” et constatant des accompagnateurs courageux, mais isolés dans les institutions, il nous a semblé pertinent de faire une offre innovante pour requalifier l’accompagnement par celles et ceux qui le pratiquent. Tout au long de l’été et de l’automne, nous avons formulé la formation, “L’Autre réseau social” pour la présenter le 29 novembre 2017 à nos clients-partenaires. L’accueil fut positif. Nous accueillerons en 2018 tout professionnel qui se reconnaitra dans ce projet pour un projet interinstitutionnel sur l’accompagnement dont la visée sera de créer un réseau pour articuler pratiques, innovations et recherches.

Qu’est-ce qui fait social? Cette question a traversé de nombreuses missions, dont celle de la Direction Nationale du Service Social du CNRS. Elle anime une équipe de 25 travailleurs sociaux répartie sur tout le territoire. Les demandes transversales d’accompagnement formulées par les personnels du CNRS modifient leur identité professionnelle. À partir d’une formation à l’approche systémique, nous accompagnons le CNRS à repenser le positionnement des assistantes en travail social et plus globalement à faire émerger un projet social global pour que la compétitivité de la recherche inclue l’accompagnement social des chercheurs et des fonctions ressources.

Qu’est-ce qui fait social? Le Centre de Culture Ouvrière à Marseille a confié à notre cabinet la mission de reformuler le projet de quatre de ses centres sociaux. Ici aussi, la mutation est profonde: souvent cloisonnés dans leurs activités, les professionnels se sont interrogés sur le sens de leur mission, en lien avec leur contexte et leur réseau partenarial. L’approche visant à questionner les visées par les processus créatifs, a permis de formuler un projet innovant, en phase avec son époque. Pour cela, nous avons immergé les personnels dans un lieu artistique (la Friche Belle de Mai) pour penser le projet (“Que serez la Friche si le Centre Social y entrez en résidence?”); nous avons invité les partenaires pour oser des visées croisées sur le devenir du Centre Social. À l’heure de la fusion de “CCO” avec une autre association, nous avons renforcé les collectifs de travail autour de l’impérieuse nécessité d’articuler la question du sens avec l’urgence de créer du commun dans les quartiers.

Parce que tout se complexifie, certaines organisations font le pari de penser collectivement leur devenir à partir d’une démarche complexe: co-construire pas à pas les visées communes en changeant les processus de communication. La démarche devient en soit un fait politique: le comment détermine le quoi; penser le futur émancipe chacun de la pression de la réponse immédiate; décloisonner les fonctions politiques et opérationnelles, les pratiques de gestion et d’animation autorise des articulations innovantes pour créer un nouveau contexte que l’on ne subit plus. C’est ainsi que l’association AIDERA VAR et l’Association La Bourguette (toutes deux intervenant dans le champ de l’autisme), ont confié à l’URIOPSS PACA et à TRIGONE le soin de les accompagner à repenser leur projet à partir d’une démarche innovante. Sur le même registre, la Direction de l’éducation et de l’enfance de la ville de Martigues a poursuivi le travail des processus de décloisonnement pour repenser un projet éducatif global et créatif. Le Conseil Départemental du Loir-et-Cher nous a confié l’animation d’un séminaire pour relier personnels des bibliothèques et travailleurs sociaux pour penser autrement un projet culturel et social.

Parce que tout se complexifie, les institutions peuvent-elles seules faire face sans y répondre collectivement, en réseau? C’est le pari proposé aux villes des Pennes-Mirabeau, Fuveau, Aubagne, au Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, à l’association “La Maison de la Famille”, à la Direction Régionale des Affaires Culturelles: créer un réseau de crèches créatives en y articulant la créativité professionnelle avec des esthétiques artistiques pour une relation plus ouverte avec les tout-petits et leurs familles. L’enjeu de “la nouvelle vague créative et artistique de la toute petite enfance” est de soutenir la dynamique de chaque institution par le travail en réseau: engager les acteurs au-delà de leur périmètre institutionnel pour créer une politique commune à savoir décliner le protocole d’accord signé entre le ministère de la Famille et de la Culture portant sur l’inclusion de la toute petite enfance dans les politiques d’éducation artistique. En 2017, nous avons accompagné ce réseau dans sa dynamique autour de projets structurants (“Bébé Tutu”, projet chorégraphique avec Philippe Lafeuille , “L’amour de l’art” avec le FRAC et le cursus de formation, Art, créativité et petite enfance). Une “nouvelle vague “ se prépare-t-elle dans les Alpes-Maritimes alors que nous accompagnons la ville de Mougins (et bientôt celle de Mouans Sartoux) à se doter d’un projet reliant les acteurs culturels avec les structures petite enfance? Une “nouvelle vague” pourrait-elle voir le jour après notre accompagnement de sortie de crise pour la structure d’accueil de la petite enfance de Pernes-Les-Fontaines? Ce type de projet trouvera-t-il une résonance pour le Centre de Gestion de Vaucluse que nous avons accompagné en 2016 et 2017 et qui a fait de la mise en réseau des collectivités locales , l’un de ses axes stratégiques de développement?

C’est cette dynamique de réseau que nous avons proposé au Pays Sud Toulousain lors d’une journée séminaire en novembre dernier réunissant professionnelles de la toute petite enfance de différentes communautés de communes et des acteurs culturels. Cette échelle territoriale est pertinente pour ce type de projet complexe: créer le réseau pour penser autrement des pratiques éducatives en y introduisant le langage de l’art. À suivre en 2018…

Parce que tout se complexifie, il faut imaginer autrement le colloque où généralement les sachants parlent aux non-sachants. En 2017, avec l’équipe-relais sur le Handicap Rare à Marseille, nous avons animé un colloque capable d’incarner la complexité du projet: des mises en situation entre familles et professionnels avec des observateurs, des débriefings, des travaux créatifs en ateliers pour écouter les représentations du projet de l’équipe-relais par ses partenaires. Un colloque d’une rare intensité pour un projet unique en son genre…

2017 fut une année particulièrement riche : inscrire le métier de consultant dans une évaluation-régulation en continu autour de trois grandes questions: comment faire social, comment penser le projet, comment se développer en réseau? 2018 sera l’année où nous ferons Réseau Social, où nous poursuivrons la dissémination de l’art là où il n’est plus attendu, où nous poursuivrons le travail de la vague, en soutenant professionnels de terrain et manageurs à se rencontrer autrement sur le terrain fertile de la créativité au service du bien commun.

Tout se complexifie, tout est social.

Pascal Bély- Consultant.

One Comment

  1. La nouvelle vague grandit et ajoute de la complexité aux possibles du local au global….. un grand pas pour la créativité individuelle et collective !
    Quelle belle orchestration où chacun peut librement exprimer ses talents et potentiels au service de l’éveil des enfants….
    Ne lâchons rien dans cette belle aventure culturelle, artistique et créative en bonne voie pour faire société.

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